• * page 10 *

         Le félin sauta aussi haut que possible et son corps s’enflamma, tout du moins l’illusion fut parfaite tant les flammes de pétales étaient réalistes. Au sortir de ce brasier, une tête de dragon fit son apparition, suivis par un corps écailleux, quatre pattes et un longue queue hérissée de pics meurtriers. Celui-ci me regarda de son air menaçant avant de me cracher une gerbe de feu à la figure. Par réflexe, je me protégeais de mes deux mains avant de m’apercevoir que les flammes s’étaient métamorphosées en une myriade de papillons voletant autour de moi. Le dragon avait disparu, remplacé par le buste d’une femme m’offrant un verre que j’acceptais avec un grand sourire. Je fut stupéfait de sentir ce dernier entre mes mains. Au toucher, c’était bien de la feuille, aussi fraîche et douce que si elles venaient d’êtres cueillis, mais la résistance et la densité étaient celles d’un verre normal. Je n’en revenais pas de cet extraordinaire consistance pour un simple amas de feuille. Y avait-il autre chose entre ces pétales ? Je n’eus pas le temps d’y réfléchir d’avantage. Tout autour de moi, les papillons, le verre, la serveuse, tous s’effritèrent comme une statue de sable emportée doucement par le vent. Et entre mes mains, malgré la vision de fragilité, je continuais de sentir la dureté du verre jusqu’à ce qu’il disparaisse totalement, retournant sous la manche du bras droit de Jylénia.

         Je félicitais la dryade pour ce magnifique spectacle, applaudissant des deux mains, avant de m’étonner de la voir mettre pied à terre. Je tourna mon regard tout autour de moi, remarquant que nous étions déjà à l’arrêt et visiblement arrivés à entendre le bruit de la rivière proche couler. Je regarda de nouveau la dryade qui semblait des plus satisfaites en voyant son grand sourire, certainement contente de m’avoir fait comprendre que je pouvais naturellement tenir sur Vaïlyne. Je descendis, finalement fier de moi pour cette première chevauchée, et pris le temps de voir la sélicat reprendre son apparence humaine.

         La jeune femme resta plus sobre que la première fois, sa transformation fut plus rapide et elle ne sautilla pas comme un chaton mais son regard était sans équivoque. C’était les yeux d’un enfant attendant des félicitations, ce que je lui offrit sans hésitation, agrémentées par une caresse sur sa chevelure qu’elle apprécia grandement vu ses ronronnements. Derrière nous, je vis Jylénia s’approcher d’un arbre visiblement centenaire vu sa ramure. Je ne comprenais pas vraiment sa démarche, s’arrêtant à quelques pas de lui, remuant les lèvres sans pour autant en entendre une quelconque voix, tout juste un murmure à peine audible qui ressemblait plus au vent. N’y comprenant rien, et ne cherchant pas à en savoir d’avantage, je reportais mon attention à la rivière à quelques mètres de moi. J’entendais quelques sifflotements, quelques harmonies, jusqu’à ce que je sois au bord. Dès lors, toutes les mélodies s’éteignirent, je craignais d’avoir marcher sur quelque chose ou d’avoir effrayé certaines créatures. Vaïlyne vint me rejoindre bien vite, s’asseyant à mes côtés, regardant l’objet de ma curiosité. Elle comprit bien vite et se mit à siffloter un air qui ne m’étais pas inconnu mais dont je ne parvenais pas à remettre un titre dessus. Aussitôt, des sifflotements vinrent agrémentés le sien et des insectes semblables à des libellules apparurent sous mes yeux. Leurs couleurs oscillaient constamment, comme un caméléon, se camouflant dans la végétation semi-aquatique. Elles apparaissaient lorsqu’elles chantaient, en retour à l’appel de Vaïlyne.


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