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         Moins d’une minute passa avant que notre parcours soit accompagné par ce que je pris au début pour de petites lumières, avant de percevoir un faible son d’ailes. En y regardant de plus près, je voyais des insectes semblables à nos abeilles, certaines colorées d’un vert champêtre, les autres d’un bleu de ciel d’été. Leur pelage resplendissait sous la lumière solaire. Avec elles,  des sortes de lucioles venaient danser dans les airs, d’un jaune éclatant, semblable à de microscopiques soleils bourdonnants. Ces dernières semblaient suivre la trajectoire des abeilles pour une raison qui m’échappais. Vaïlyne se tourna alors vers moi, passant une jambe par dessus bord afin de mieux se contorsionner pour me faire face. Elle pointa du doigt l’une des abeilles et m’expliqua ce qu’il en était réellement. Refalioo était leur nom, pas très joli à mon goût, et bien dur à retenir, aussi je persistais à appeler cet insecte une abeille. Apparement, celles-ci n’avaient pas de grandes différences avec les nôtres hormis que la couleur caractérisait le sexe, le vert pour les femelles, le bleu pour les mâles. Hormis cette caractéristiques, elles semblaient se nourrir de pollen et favorisaient ainsi le renouveau des plantes. En gros, une sorte d’abeille bicolore. Les lucioles étaient différentes, enfin d’avantages que les nôtres. Celles-ci se nourrissaient exclusivement des sécrétions que produisaient les abeilles en vol, raison pour laquelle il me semblait bien les voir se suivre.

         Je m’extasiais devant ce charmant ballet aérien aux couleurs enivrantes, tout en me disant que la nature de ce rêve était d’une beauté fascinante. Puis, en y réfléchissant bien, j’écoutais les paroles de ma guide dont le ton ne semblait pas présenter quelque chose de miraculeux mais de tout à fait banal. En fait, l’on aurait dit un enfant de la ville qui découvrait les charmes de la prairie. Il n’y avait rien d’exceptionnel en réalité, ce n’était que des insectes tout ce qu’il y avait de plus commun, batifolant tranquillement dans leur habitat naturel et basique. Qu’est-ce qui me fascinait tant alors ? Le fait que ce soit un rêve ? Le fait que cela se passe dans un royaume enchanteur ? Peut-être simplement le mélange des couleurs, des sons et la brise fraîche mais agréable alliée à l’odeur de l’automne. Je me sentais plutôt comme en vacances après des semaines de dur labeur, découvrant un pays que j’attendais de visiter depuis bien longtemps. Au final, je constatais que rien de vraiment extraordinaire était en train de se produire, en occultant les faits fantastiques et oniriques du voyage. Je prenais juste du bon temps à me balader dans un lieu superbe.

         Ce constat me fit également prendre conscience d’une chose ; Pourquoi ne pas être autant emballé par les merveilles de chez moi ? Je percevais une difficulté à me remémorer quelques éléments privés de ma vie concernant cela mais je sentais sans peine que je n’étais plus émerveillé par les choses du quotidien. L’eau du fleuve, son bruit, la fraîcheur de la pelouse un matin d’été, les fleurs poussant ça et là au printemps. Quand avais-je arrêté de contempler toutes ces merveilles ? Et pourquoi ? Est-ce que je n’étais d’ores et déjà plus capable d’apprécier la moindre parcelle de nature dans la réalité pour désirer m’évader dans des rêves si fantastiques ? Comment aurais-je pus le savoir ? A défaut de réponse, comme une promesse, je décidais dès lors d’apprécier chaque chose que le monde m’offrait à sa juste valeur. Mais en attendant, je comptais bien profiter de tout ce que ce rêve allait me donner.


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