• * Page 15 *

         Mes deux mains s’agrippèrent sur les côtés de l’embarcation avant de réaliser qu’il se trouvait des poignées intérieures à quelques centimètres de moi. Vaïlyne, devant moi, se tenait déjà fermement. Je l’imita juste avant que les remous ne deviennent trop violent. La forêt recommençait à nous couvrir tandis que la rivière chutait de plus en plus, avec des virages parfois trop raides. Il était d’ailleurs étonnant que notre petite embarcation ne soit pas brisée vu les nombreux rochers qui jalonnaient le parcours mais la dryade, dans mon dos, avait tout prévu. Sur les côtés s’étaient agglutinés des coussins de pétales, parcourant toute la surface extérieure de la coque. Je soupçonnais même la présence d’un ou plusieurs ailerons en dessous pour nous guider car, malgré la force du courant, nous restions sans problème sur l’eau jamais s’échapper, même un court instant, du lit de la rivière qui commençait à s’élargir. Je remarquais que de petits ruisseaux venaient sans cesse l’alimenter au fil de notre descente mais je ne pouvais juger du débit tant la course était rapide. Nous étions tellement ballotés que je ne parvenais pas à me focaliser sur quelque chose de précis. Je me croyais à mi-chemin entre une montagne russe et un sèche-linge. J’étais malgré tout ravi, d’une part d’amusement en hurlant comme les deux filles qui m’accompagnait, d’autre part de sécurité quand je m’aperçus de la présence de lianes qui poussèrent du bois alentour, m’harnachant au banc sur lequel j’étais posé. Avec l’excitation du moment, je n’avais rien senti, bien qu’à la longue, cette sangle naturelle me coupait la circulation sanguine en fonction de la violence avec laquelle nous prenions les virages.

         Je m’amusais comme un gamin dans un parc d’attractions, riant, hurlant, tentant d’admirer le décor automnale tout en me penchant dans les courbes comme si je maniais un bobsleigh. Puis vint une pente encore plus raide. Je n’aurais su dire de combien de pourcentage était le dénivelé mais il était digne, cette fois-ci littéralement parlant, de la première descente d’une montagne russe. Nous prenions une sacré vitesse et je commençais à paniquer, je n’étais pas à l’aise, trop peu de sécurité. Même si tout cela n’était qu’un rêve cette vision ne me rassurait pas le moins du monde. Puis, une fois la troisième courbe passé sans accroc, ce fut la finalité du voyage qui m’emplit de frayeur. Tout en bas, la rivière, désormais deux ou trois fois plus large qu’au départ, s’engouffrait dans une grotte dont l’entrée semblait minuscule. Il était impossible que notre embarcation y pénètre, et encore moins nos têtes, nous étions bien trop grand. Je criais mon appréhension mais le bruit du courant et les hurlements des filles couvraient ma voix. Je ne pouvais plus faire qu’une seule chose, me recroqueviller au maximum en espérant que tout passe, et que rien ne casse.

         Je gardais les yeux ouverts malgré tout et remarqua, au dernier moment, que la rivière s’enfonçait d’avantage avant de rentrer sous l’arche de roche, nous permettant de nous insérer sans le moindre soucis. Après quelques secondes de noir qui nous enveloppa assez rapidement, l’embarcation heurta une surface aquatique plus plane, nous arrosant totalement au passage tout en freinant enfin notre course. J’étais trempé jusqu’au os, bien que cela ne me dérangeais plus depuis cinq ou dix minutes d’arrosage intensif. C’est alors que je remarquais que mes pieds ne trempaient pas.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :