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         Je tâtonnais les alentours, le fond de l’embarcation, je n’y trouvais pas la moindre trace d’eau. Comment était-ce possible ? Je voulais demander lorsque Vaïlyne commença à parler, guidant Jylénia dans le noir. Apparement, les dryades ne voyaient pas dans le noir mais en tant que femme-chat, ma compagne de devant était à même de voir les aspérités du terrain sur lequel nous voguions. Ainsi je réprimas mes questions, préférant m’en sortir sans problèmes de cette caverne. A grands renforts de « rochers sur la droite » et de « vire un peu à gauche » notre embarcation filait tranquillement avec les quelques remous plus agréables que précédemment. Petit à petit, mes yeux se faisaient aux ténèbres. Je commençais à discerner quelques contours, m’apercevant que la lumière de l’entrée de la caverne parvenait jusque dans ces entrailles terrestres, apparement faiblement réfléchie par une roche plus ou moins blanche. Ce n’était pas suffisant pour voir comme en plein jour, ni même comme dans la pénombre, mais c’était déjà ça.

         Nous naviguions durant une bonne demi-douzaine de minutes quand la luminosité revint enfin. Je croyais que nous approchions de la sortie, je me trompais. Sur les parois, du sol au plafond, se trouvaient incrustés des cristaux de différentes couleurs sur lesquels la lumière se réfléchissait, un peu comme cette roche blanche avec plus d’efficacité. Les contours se dessinaient d’avantage et je pouvais voir de nombreuses galeries allant ça et là, ainsi qu’une bande de roche plane, accessible à tout piéton désireux de découvrir ces lieux, qui les reliaient tout accompagnant le cours d’eau. De petites lanternes semblables à des lampions chinois planaient un peu partout, générant cette lumière. Avec elles s’accompagnaient des voix, des chants surtout, plein de gaité et de bruits de fer heurtant la pierre humide. Je sentais venir le cliché du nain minant dans sa grotte, et je ne fut pas déçu du voyage. Après un virage abrupt, nous arrivions sur une partie plus évasée, avec sur notre droite une bande de roche plus large et profonde sur laquelle reposait quelques tentes et abris taillés dans les murs. Et qu’y avait-il à l’intérieur ? Des nains, bien évidemment. 

         Apparement, c’était un lieu de rassemblement pour les travailleurs vu leurs dégaines noircis. Les outils de forage près d’eux, ou sur l’épaule, les habits sombres et sales, parfois troués, pas de doute, ils allaient au charbon. Je vis par l’ouverture d’une tente certains d’entre eux se restaurer, il s’agissait donc d’une cantine au grand air. Ce devait probablement être l’heure de manger, et cela donna quelques idées à mon estomac. L’embarcation continua son trajet doucement, les nains nous saluaient au passage, certains complimentèrent les dames à mes côtés, tout en les draguant sobrement, d’autres me félicitèrent. Inutile de se demander pourquoi. Apparement, les filles étaient des modèles de beauté dans cet univers. Ceux qui ne firent pas attention à notre présence mangeaient et buvaient bruyamment, tout en parlant fort, et chantant en des termes simplistes sur des airs qui ne m’étaient pas inconnus. Cela parlait généralement de roche, de bière, de femmes et des déboires de leurs congénères. L’on pouvait dire qu’ils semblaient bien rigoler entre deux séances de travail, ce qui n’était pas plus mal. Puis nous quittions l’aire de la cantine pour nous engouffrer plus profondément. La bande de roche s’effaça au profit de la paroi, la luminosité se fit plus faible mais les bruits de coups s’intensifièrent.


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