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         Il nous fallut deux bonnes minutes pour revenir dans un lieu plus évasé avec une bande de roche piétonne, bien que celle-ci se trouva désormais sur notre gauche. La se trouvait une galerie qu’empruntait quelques nains et une seconde, plus loin de nous, qui semblait être en construction. Je m’attarda un temps sur la chanson qu’ils scandaient à pleins poumons.

         « Une pioche, d’la roche et une chope bien rempli

         Pas besoin d’ot’chose pour miner en ces lieux

         Une pioche, d’la roche, poussant la chansonnette

         C’est tout c’qu’il nous faut pour que l’on soit heureux

         Woh oh oh oooh On a rien trouvé d’mieux! »

         La, il fallait bien avouer que mon rêve n’avait rien d’original, reprenant un air des plus connus en changeant les paroles. Je trouvais cela un peu bizarre que cet air sorte de la bouche de nains et non pas de marins, après tout, « du rhum, des femmes » n’étais pas une chanson de mineurs. Une fois passé ce petit défaut, cela m’amusa de les écouter, et je ne fus pas le seul dont l’attention était accaparée car l’embarcation finit sa course contre les rochers sans crier gare. Vaïlyne fut surprise et tomba en arrière sur moi, manquant de me fracasser le nez avec sa tête tandis que la mienne partait en avant. Derrière, j’entendis un « whoups » ou quelque exclamation s’en approchant, signalant que notre naviguatrice venait d’oublier de tenir la barre. Autour de nous, la rivière était large, ce n’était donc pas la fin du parcours, il allait falloir s’extirper des rochers qui nous bloquaient. J’entendis la dryade s’excuser dans mon dos lorsqu’un nain apparut devant nous pour déloger l’embarcation. Sa voix était étrangement aiguë et résonante. Je commençais à le détailler quand je m’aperçus qu’il était à poil, littéralement parlant couvert de poils. Un pelage grisâtre recouvrant tout le corps, les yeux plissés et un museau long. Ce n’était pas un nain mais une taupe. Je ne pus m’empêcher de pousser un cri en demandant ce qu’était cette bête, la réponse fut immédiate après que j’esquivais de justesse un coup de pelle.

         - C’est qui la bête ? Hein ? Viens tâter de ma pelle, je vais t’apprendre la politesse, blanc-bec !

         - Excusez-moi, madame la taupe, implorais-je d’une voix pitoyable. Je ne savais pas que vous parliez.

         - Madame la taupe ? Je vais t’en foutre des madame la taupes.

         Les filles à côtés de moi commencèrent à prendre ma défense sans que je comprenne ce qu’elles disaient. Puis, la taupe leva de nouveau sa pelle, prête  faire rentrer ma tête entre mes épaules, lorsqu’un nain vint à ma rescousse, attrapant le manche de l’outil au vol.

         - Calmes-toi, Erinne, tu vois bien qu’il ne l’as pas fait méchamment. Il n’as peut-être jamais vu d’aténaupes de sa vie, n’est-ce pas jeune homme ?

         J’acquiesçais timidement, espérant que cela calme l’animal parlant. Il y eut un blanc de plusieurs secondes durant lesquelles, je suis persuadé, elle se demanda s’il était sage de réprimer son envie de m’ancrer la politesse à grands coups de pelle. Puis, finalement, elle se retira, tout en grommelant, retournant vers la galerie dans laquelle se trouvaient plusieurs de ses congénères poilus.


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