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         Je regardais dans tous les sens pour m’assurer que tout allait bien. Nous étions encore à deux ou trois dizaines de mètres au dessus du fleuve qui scindait la région. Nous planions vers l’aval de ce dernier, les ailes d’avantages semblables à des nageoires de baleines, immenses surfaces rosées s’étendant sur quelques mètres. Derrière moi, Jylénia tenta de me rassurer, précisant qu’il n’était plus nécessaire de maintenir une si forte étreinte au niveau des poignées. Je regardais alors mes mains qui avaient blanchi sous la pression. Je desserra l’étreinte avec quelques difficultés, mes extrémités étant totalement engourdis. Ce n’était pas une sensation des plus agréables et je dus bien attendre une bonne minute avant de pouvoir sentir de nouveau l’intégralité de mes membres. Après quoi, je commençais à laisser vagabonder mon regard aux alentours, appréciant désormais la vallée d’en bas. Je comprenais aisément les paroles dîtes précédemment, remarquant que depuis la caverne il nous aurait fallu un moyen de transport pour descendre cette hauteur. Il était bien plus rapide de passer par la chute, malgré le danger, bien qu’au final tout cela fut assez amusant.

         L’embarcation se posa enfin sur la surface de l’eau cristalline aux reflets d’argent, tout en douceur, s’accompagnant d’une déflagration de pétales qui s’éparpillèrent puis revinrent vers leur maîtresse, s’engouffrant dans sa manche unique. Les lianes qui nous maintenaient commencèrent à vieillir, puis s’asséchèrent pour finalement devenir si friable et volatile que la forte brise les emportèrent au loin. En même temps, je m’aperçus que mes vêtements aussi séchaient, ou plutôt s’asséchaient, de la même façon que l’eau disparaissait de l’intérieur du canot. Je me tournais vers la magicienne, avec douceur à cause de la douleur de mon postérieur, pour qu’elle réponde enfin à cette question. Elle m’expliqua simplement qu’elle avait créée une bulle d’assèchement tout autour de nous, tout en usant d’une seconde magie contrôlant l’eau, la faisant sortir en masse à chaque fois qu’elle s’insinuait à l’intérieur de l’embarcation. Je comprenais sommairement ce qu’elle avait fait mais cette explication ne me donna aucune envie d’en connaître les détails. Je n’aimais pas vraiment quand tout devenait relativement compliqué, aussi je préférais admirer la vue tandis que nous avancions vers la ville.

         Je commençais par estimer la taille du fleuve, surtout sa largeur qui devait avoisiner les 500 mètres, ou presque. Les rives étaient si distantes que je me croyais presque sur un lac. Autre chose m’impressionnais bien plus encore, c’était son étonnante transparence. Même une eau aussi pure que possible ne permettait pas forcément de voir à plus d’une cinquantaine de mètres de fond, du moins à mon avis, alors qu’ici, l’on pouvait apercevoir son lit à plus d’une centaine de mètres avec une aisance déconcertante. L’on aurait dit qu’aucune impureté d’aucune sorte ne venait le troubler. La flore aquatique était prolifère, aux couleurs variées mais toutes avec des reflets d’argent, tout comme les poissons, eux totalement argentés. Je ne m’y connaissais pas vraiment en ce domaine mais je pouvais estimer qu’ils ressemblaient à des truites, ou à tout autre gros poisson des fleuves que je pouvais voir dans des reportages de pêche. En désirant en toucher un, ma main créa un sillon dans l’eau qui créa des éclats argentés sur la surface. C’était d’une beauté féerique.


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